Oh ! si vous saviez ce que c’est que la Touraine !... On y oublie tout. Je pardonne bien aux habitants d’être bêtes, ils sont si heureux ! […] si vous mettez le pied en ma maison de la Grenadière, près Saint-Cyr, maison sise à mi-côte, près d’un fleuve ravissant, couverte de fleurs, de chèvrefeuilles, et d’où je vois des paysages mille fois plus beaux que tous ceux dont ces gredins de voyageurs embêtent leurs lecteurs… La Touraine me fait l’effet d’un pâté de foie gras où l’on est jusqu’au menton, et son vin délicieux, au lieu de griser, vous bêtifie et vous béatifie. Aussi ai-je loué une maisonnette pour jusqu’au mois de novembre, car, en fermant mes fenêtres, je travaille, et je ne veux revoir ce luxurieux Paris qu’armé de provisions littéraires.
Honoré de Balzac, Lettre à Victor Ratier, La Grenadière, 21 juillet 1830.