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Le Curé d'Azay-le-Rideau - Azay-le-Rideau

L'ŒUVRE DE BALZAC ET LA TOURAINE

Les Contes drolatiques

 

 

Azay-le-Rideau est un lieu récurrent dans les histoires de Balzac. Ce bourg revient notamment dans plusieurs Contes drolatiques. Ce Curé d’Azay-le-Rideau fait partie des Contes drôlatiques (I) En hommage aux songes drolatiques attribués au voisin Rabelais, Balzac les écrit en simili ancien français. Si plusieurs lieux sont évoqués (Azay-le-Rideau, Saché, Ballan, Landes de Charlemagne…), ils ne sont pratiquement pas décrits.

 

Le prebstre de nostre pays qui, théologalement, entretint le darrenier une femme dans son presbytère, en la resgallant de son amour scholasticque, feut ung certain curé d’Azay-le-Ridel, endroict trez-agréable nommé plus tard Azay-le-Bruslé, maintenant Azay-le-Rideau, dont le chastel est une des merveilles de Touraine.

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Aussy ha-t-on dict longtemps de bons contes sur ce roy des curés ! … C’est luy qui feit tant rire aux nopces du seigneur de Valesnes, près Sacché. Comme la mère dudict seigneur se mesloyt ung peu des victuailles, rostisseries et aultres appretz qui abundoyent tant que du moins on eust faict le plus d’ung bourg, mais il est vray, pour tout dire, que l’on venoyt à ces espousailles de Montbazon, de Tours, de Chinon, de Langeais, de partout, et pour huict iours.

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— Oyez. Ce bon Cochegrue retournoyt du marché, ayant vendu son bled et deux cochons à lard. Il revenoyt sur sa jolie iument laquelle, depuis Azay, commençoyt à s’enamourer, sans que, de ce, il eust le moindre vent ; et paouvre Cochegrue trottoyt, trottinoyt, en comptant ses proufficts. Vécy, au destourner du vieulx chemin des Landes de Charlemaigne, ung maistre cheval, que le sieur de la Carte nourrit en ung clos, pour en avoir belle semence de chevaulx, pour ce que ce dict animal est trez-idoyne à la course, beau comme peut l’estre ung abbé, hault et puissant, tant que monsieur l’admiral l’est venu veoir et dit que c’estoyt une beste de haulte futaye ; doncques ce diable chevalin flaire ceste iolie iument, faict le sournoys, ne hennit ni ne dict aulcune périphrase de cheval, mais, quand elle est iouxte le chemin, saulte quarante chaisnées de vignes, court dessus en piaffant des quatre fers, entame l’escopetterie d’ung amoureux qui chomme d’accointance, déclicque des sonneries à faire lascher vinaigre aux plus hardis, et si dru, que ceulx de Champy l’ont entendu et ont eu grant paour. Cochegrue se doubtant de l’estrif, enfile les Landes, picque sa lascive iument, se fie sur son rapide cours, et, de faict, la bonne iument l’escoute, obéit et vole, vole comme ung oyseau ; mais, à portée de cranecquin, le grand braguar de cheval suyvoyt, tappoyt de ses pieds la terre, comme si mareschaulx eussent battu ung fer ; et, toutes ses forces bendées, tous crins espars, responddoyt au ioly train du grant galop de la iument par son effroyable patapan ! patapan ! ...

 

Nathanaël Gobenceaux (musée Balzac, Saché)

 

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