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L’intrigue

par Brigitte Méra (Paris)

 

Récit d’une éducation sentimentale, pendant les Cent-Jours, Le Lys dans la vallée est une confession épistolaire. Félix de Vandenesse confie dans une longue lettre à sa fiancée Natalie, son enfance malheureuse et l’amour qu’il a éprouvé pour la vertueuse Henriette de Mortsauf. Femme mal mariée, mère de deux enfants fragiles, elle est le lys de la vallée de l’Indre, lieu enchanteur que Balzac connaît bien et qu’il décrit longuement. Comme elle se refuse à lui, Félix succombe aux charmes d’une belle anglaise, Arabelle Dudley. Mais Henriette l’apprend et, dévorée de jalousie et de regret, en meurt de chagrin. À la suite de cette lecture, Natalie comprend que Félix l’aime toujours et qu’elle ne peut lutter contre son souvenir : elle le quitte.

 

Cet ouvrage très autobiographique, puisque Balzac y conte son enfance et en partie, son premier amour pour une amie de sa mère Mme de Berny, explore par ailleurs bien des thèmes : les relations mère-fils, le désir féminin, la philosophie politique, la nature et la religion, entre autres. Dès mars 1835, dans la préface de la première édition Werdet du Père Goriot, l’auteur s’est engagé à faire enfin le portrait d’ « une femme vertueuse par goût ». Mais, cette « image de la perfection sur la terre » tandis que Séraphîta figure celle du ciel, ne laisse pas d’être ambiguë. Car Henriette se révolte contre son angélisme et sa résignation avant de mourir. À cette dimension spirituelle très originale, vient s’ajouter la poésie lyrique du paysage tourangeau chargé de symboles et de correspondances, contrée bienfaisante et propice à l’amour.

 

Après avoir prévu de faire figurer l’ouvrage en feuilletons dans la Revue des deux Mondes, son directeur Buloz le publie dans la Revue de Paris, tout en le vendant sans consulter l’auteur, à Saint Pétersbourg. Devant ce préjudice, Balzac lui intente un procès qu’il gagne, mais il est blessé par les critiques acerbes faites à l’œuvre. C’est seulement après sa mort que Théophile Gautier lui rend un brillant hommage, évoquant « la lumineuse atmosphère » du Lys. De fait, il y a dans cette création conjuratoire, cette expérience imaginaire, une immense puissance, celle de l’amour de Balzac pour la Touraine, lieu éminemment poétique, lieu « des plus grandes conceptions morales » selon l’auteur.

 

Résumé de l'article de Brigitte Méra, « Introduction au Lys dans la vallée », dans Le Lys dans la vallée, 2014.

 

 

 

 

 

 

 

 

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