Vous êtes ici

Comment feut basty le chasteau d'Azay

L'ŒUVRE DE BALZAC ET LA TOURAINE

Les Contes drolatiques

 

 

Cette courte nouvelle fait partie des Contes drôlatiques (II) dont plusieurs sont localisés en Touraine. En hommage aux songes drôlatiques attribués au voisin Rabelais, Balzac les écrit en simili ancien français. Ici c’est le château d’Azay-le-Rideau qui est mis à l’honneur. Si plusieurs lieux sont évoqués, ils ne sont pratiquement pas décrits dans le texte.

 

Azay-le-Rideau

Brief, moyennant ung vœu qu’il feit à son patron monsieur saint Iacques de luy bastir une chapelle audict lieu d’Azay, il présenta son hommaige-lige à la Régente en unze périphrases claires, nettes, limpides et bien sonnantes.

-

La bonne Régente paya la gageure et feit délivrer à son escuyer la seigneurie d’Azay-le-Bruslé, dont le chastel avoyt esté piéçà ruyné par les premiers bombardiers qui vindrent en Touraine, comme ung chascun sçayt. Et, pour ce miracle pulverin, sans l’intervention du Roy, les dicts enginieurs eussent esté condamnez comme fauteurs et héréticques du démon par le tribunal ecclésiasticque du Chapitre.

Lors se bastissoyt aux soings de messire Bohier, général des finances, le chasteau de Chenonceaulx, lequel, par mignardise et curiosité, boutoyt son bastiment à cheval sur la rivière du Cher.

Ores, le baron de Semblançay, voulant aller à l’encontre dudict Bohier, se iacta d’édifier le sien au fund de l’Indre, où il est encores debout, comme le ioyau de ceste belle vallée verde, tant il y feut solidement assis ez pilotis. Aussy Iacques de Beaune y despendit-il trente mille escuz, oultre les corvées des siens. Comptez endà que ce chasteau est ung des beaulx, des gentils, des mignons, des mieulx élaborez chasteaulx de la mignonne Touraine, et se baigne tousiours en l’Indre comme une galloise princière, bien attifé de ses pavillons et croisées à dentelles, avecques iolys souldards en ses girouettes, tournant au gré du vent comme tous les souldards. Mais feut pendu le bon Semblançay paravant de le finer, en sorte que nul du depuys ne s’est rencontré assez pourveu de deniers pour le parachever. Cependant son maistre le Roy Françoys, premier du nom, y avoit esté son hoste, et cy en veoit-on encores la chambre royale.

-

Le Plessis-lès-Tours

La dame alla se pourmener le long de la Loire, en aval, devers le Plessis, et respiroyt, comme les carpes, la bonne frescheur de l’eaue, allant, bimbelottant, fagottant en souriz qui trotte, veult tout veoir et gouster à tout.

 

Nathanaël Gobenceaux (musée Balzac, Saché)

 

Localisation

A voir aussi

  • Imprimer