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À l'écran

par Anne-Marie Baron (Paris)

 

Il n'existe que deux adaptations télévisées du Lys dans la vallée, celle de Marcel Cravenne en 1970 et celle de Fabrice Maze en 1981. Aucun réalisateur n’en a tenté l’adaptation cinématographique. Et on comprend qu’un tel roman, qui a l'ambition de tirer le mysticisme de son obscurité et de lui donner une forme poétique abordable, comme Les Proscrits, Louis Lambert ou Séraphîta, ait découragé les adaptateurs. Le roman semble construit à partir de la métaphore florale contenue dans le titre. Balzac a voulu fondre complètement les métaphores dans le récit, les dissoudre en quelque sorte dans le tissu textuel, pour mieux traduire «  l'union lyrique du personnage et du paysage »[1]. Quel défi pour un cinéaste !

 

Pourtant Le Lys dans la vallée a inspiré des œuvres et des réalisateurs comme Louis Malle ou François Truffaut. Il faut donc étudier non seulement les téléfilms qui l’adaptent mais aussi le rayonnement de cette œuvre sur le cinéma de la Nouvelle vague, en évaluant les dynamiques d'échange et de transaction qui font voir ces films à la fois comme œuvres en soi et comme palimpsestes hantés par leur œuvre mère ou source. Avec de tels films, on n’est d’ailleurs plus dans l’adaptation, mais dans la référence, qui implique plus ou moins de révérence et de liberté.




[1] Roland Chollet, Préface du Lys, éd. Rencontre, Lausanne, 1960, p. 24.

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