Chambre de Balzac au château de Saché, photographie noir et blanc, première moitié du 20e siècle, © Société archéologique de Touraine.

 

Le musée balzac à Saché

La création du musée

Le château de Saché devient un musée consacré à Honoré de Balzac à partir de 1951. Il est alors la propriété de Paul Métadier (1872-1956) qui l’achète en 1926 pour compléter le domaine forestier du château de Valesne où il demeure. À cette époque, le château est laissé à l’abandon et Paul Métadier a l’intention de réhabiliter ce lieu où a résidé Honoré de Balzac.

 

Le 11 mai 1932, il obtient l’inscription du château à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Et pendant l’Occupation (décembre 1942), il obtient de l’administration française que le site soit classé afin d’en assurer la protection face aux séjours sporadiques des troupes allemandes dans le château. Dès les années 1930, Paul Métadier songe à y créer un lieu de résidence d’écrivains. Mais son fils Bernard-Paul (né en 1918) ayant développé une véritable passion pour Balzac, suggère plutôt la création d’un musée consacré à l’illustre auteur.

 

En 1943, Paul Métadier déclare à un journaliste son adhésion à l’idée d’un musée et en résume le concept : « Je voudrais redonner à cette vieille demeure tout l’attrait qu’elle mérite en y créant un musée. Sans doute existe-t-il d’autres musées balzaciens ; mais Saché aurait le charme particulier d’un cadre essentiellement romantique, qui est resté tel qu’il était il y a un siècle. Les vieilles pierres de cette maison sont encore si imprégnées par l’esprit du géant des lettres qu’il y a bien peu de chose à faire au point de vue matériel pour redonner à Saché cette atmosphère émouvante que connaissent déjà de nombreux Tourangeaux ».

 

Au moment de sa création, le musée ne compte que quelques salles dont les pièces de réception et la chambre de Balzac. En 1958, la famille Métadier fait don du château et des premières collections du musée au Conseil départemental d'Indre-et-Loire. Bernard-Paul Métadier est nommé conservateur du musée de 1958 à 2001. Des travaux d'envergure sont entamés à partir de 1964 et jusqu'au début des années 1970 pour sécuriser le bâtiment, rendre les lieux accessibles au public et les adapter à la création d'espaces muséographiques.

Les récents aménagements

Depuis avril 2015, le musée Balzac - château de Saché propose un nouvel aménagement de ses salles de réception au premier étage. Dans la continuité de l’œuvre du fondateur du musée, l’identité balzacienne du lieu est renforcée. Grâce à l’expertise de Jean-Jacques Gautier, inspecteur au Mobilier national, et aux précieuses compétences de l’atelier de tapisserie décor du Mobilier national, les nouvelles collections mobilières désormais présentées illustrent plus particulièrement la période des règnes de Charles x et Louis-Philippe ; époque des séjours réguliers d’Honoré de Balzac à Saché. De plus, elles font écho à l’œuvre littéraire du romancier pour qui les meubles sont révélateurs du rang social de ses personnages, de leur caractère et de leur histoire. Ce nouvel ameublement évoque l’atmosphère du château de Clochegourde imaginé par Balzac dans Le Lys dans la vallée : table tric-trac, métier à broder, rideaux de percale blanche bordés d’un simple galon, housses de siège, cabinet de style Boulle, chaises Louis xiv en bois sculpté, vases en porcelaine blanche à filets d’or et argenterie de famille racontent la fortune déchue des Mortsauf et le drame qui se joue.

 

Et à partir de janvier 2017, le musée Balzac - château de Saché propose de nouvelles salles de collections permanentes qui enrichissent le parcours des appartements du deuxième étage. En écho au cabinet de toilette de Mademoiselle de Verneuil éclairé par un œil-de-bœuf dans Les Chouans, un petit cabinet est aménagé dans la pièce située à proximité immédiate de la chambre de Balzac. La sobriété de l’ameublement s’accorde avec le lit et la bergère présumés être ceux que le romancier a connus, et restitue l’atmosphère que Balzac évoquait dans sa correspondance : je suis heureux d’être là comme un moine dans un monastère (lettre à Mme Hanska, Paris, mars 1833). En contrepoint du modeste appartement de Balzac, une somptueuse chambre se déploie désormais dans la pièce contigüe. Meubles en acajou, rideaux aux étoffes luxueuses de couleur cramoisi, peintures religieuses d'artistes prestigieux, symbolique lit en tombeau : tous les accessoires sont réunis pour évoquer l’appartement de l'abbé Chapeloud, objet d’une infinie convoitise pour ses confrères dans le roman tourangeau Le Curé de Tours. Enfin, deux autres restitutions d’intérieurs de La Comédie humaine prennent place dans une salle du second étage : les visiteurs peuvent désormais se projeter dans la poussiéreuse atmosphère du cabinet de l’avoué Derville (Le Colonel Chabert), ou encore dans l’intimité du boudoir de Fœdora (La Peau de chagrin).

Chambre du curé de Tours au château de Saché, © Christophe Raimbault.