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Le film de Fabrice Maze

par Anne-Marie Baron (Paris)

 

Fiche technique

  • Titre original : Le Lys dans la vallée
  • Réalisation : Fabrice Maze
  • Scénario : Fabrice Maze et Gonzague Saint-Bris d'après le roman éponyme d'Honoré de Balzac
  • Image : Fabrice Maze
  • Couleur
  • Durée : 52 min

 

Distribution

  • Pascal Greggory : Félix de Vandenesse
  • Ludmilla Mikaël : Madame de Mortsauf
  • Louis Velle : Monsieur de Mortsauf
  • Elvire Audray : Arabelle Lady Dudley
  • Gonzague Saint-Bris : narrateur
  • Félicien Marceau : narrateur
  • Ménie Grégoire : narrateur

 

Fabrice Maze est réalisateur de télévision et a consacré son travail de documentariste à trois thèmes : l'histoire de l'automobile, la spiritualité et l'histoire de l'art (surtout l'histoire du surréalisme) ; ses documentaires ont été pour la plupart développés et produits par la maison de production Seven Doc. Dans l’interview qu’il m’a accordée, il souligne que depuis 1999, il se consacre à la transmission patrimoniale, secteur négligé par les télévisions et les médias. Le choix de ses sujets est très éclectique en raison de sa grande curiosité et de son intérêt pour le journalisme de témoignage. La passion et l'enthousiasme sont des dénominateurs communs à tout ce qu’il entreprend. Passionné par l’art et l’ésotérisme, il veut initier les jeunes gens à toutes les formes d’art et offrir à son public lumière et beauté.

 

Sa rencontre avec Gonzague Saint-Bris l’a engagé dans la réalisation de documentaires dramatisés thématiques sur la littérature produits par TF1, comme À la recherche de la jalousie (1980), Pardonnez-nous nos enfances (1981), ou par Antenne 2 comme Le Lys dans la vallée (1981). Le principe en est très pédagogique. Un ou des narrateurs racontent et analysent le sujet traité ou l’intrigue du roman et quelques scènes-clés sont tournées par des comédiens. Il a aussi réalisé, en collaboration avec Gonzague Saint-Bris jusqu’à 1987, des clips culturels sur Cocteau, Proust, Monet, Léonard de Vinci et la villa Ephrussi de Rosthshild. Les documentaires réalisés depuis 2003 sont pour lui les plus importants : L'atelier d'André Breton dans le coffret André Breton, seul film au monde sur le mythique atelier du 42, rue Fontaine dont l'un des murs est présenté dans les collections permanentes du Centre Pompidou ; un documentaire de trois heures consacré à Marcel Duchamp, seule biographie existante sur cet artiste incontournable de l'art moderne (une exposition est prévue à l'automne 2014 au Centre Pompidou).

 

Le Lys dans la vallée (1981) commence par une série de travellings sur la vallée de l’Indre avec ses châteaux, ses moulins, ses collines verdoyantes. Accompagnées par un nocturne de Chopin et une introduction de Gonzague Saint-Bris insistant sur l’importance du territoire et du paysage dans l’œuvre, ces images correspondent à l’amoureuse description balzacienne de la Touraine. Puis, au château de Saché, Félicien Marceau raconte l’intrigue du roman en soulignant les caractères principaux de Mme de Mortsauf : une grande naissance, une enfance triste et sans amour, une piété sans faille, un mariage malheureux avec un émigré malade et une maternité inquiète. Gonzague Saint-Bris prend le relais et explique qu’Henriette retrouve avec Félix de Vandenesse cette enfance dont elle a été frustrée et conçoit un amour commandé par la nature elle-même dont la volupté la gagne. Amour dans lequel le sentiment à l’état pur provoque « le délicieux et dramatique débat entre l’interdit et le permis ».

 

Quelques scènes sont tournées avec d’excellents comédiens, Ludmilla Mikaël pour Henriette de Mortsauf, Louis Velle dans le rôle de M. de Mortsauf, l’émigré aigri et quinteux, Pascal Greggory en Félix et la jeune Elvire Audray en Lady Dudley. Les décors extérieurs sont authentiques et magnifiques, châteaux de Saché, de Vonnes ; les dialogues des séquences choisies sont à peu de chose près les mêmes que ceux d’Armand Lanoux dans le film de Marcel Cravenne.

 

L’intérêt de ce docu-drame est d’insister sur des éléments importants du roman comme le contraste entre le rythme effréné des « lions » parisiens ambitieux et pressés d’arriver comme Rastignac et la vie rêvée de Félix en Touraine, consacrée à l’amour et toute de nonchalante langueur. Il incarne l’opposition entre vie parisienne et vie de campagne. Le contexte historique, précisé par Félicien Marceau, situe l’intrigue entre la chute de l’Empire, les Cent jours et Waterloo.

 

La psychologie du jeune homme partagé entre deux femmes est éclairée par Ménie Grégoire, qui analyse son emprisonnement volontaire et éclaire le conflit entre deux jalousies, celle d’Arabelle Dudley qui entend saccager cet amour pur pour elle intolérable et celle d’Henriette, qui en meurt. La fin choisie est la scène poignante des larmes de la femme trop pure qui exhale ses regrets de n’avoir pas connu l’amour charnel et meurt de faim et de soif auprès de l’amour qu’elle s’est interdit, alors que la fin chrétienne si édifiante du roman est complètement passée sous silence.

 

La réalisation a un réel intérêt et les enseignants gagneraient à montrer à leurs élèves ou à leurs étudiants cette mise en scène soignée et ces commentaires éclairants du roman.

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