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Félix de Vandenesse

 

Félix est le narrateur du Lys dans la vallée. Dans une lettre adressée à Natalie de Manerville, il relate sa première passion pour la comtesse Henriette de Mortsauf, alors qu’il était tout jeune homme.

Il a vingt ans lorsque commence l’histoire, en 1814. Jeune tourangeau[1] timide et exalté, il devient homme tout au long du roman. Son enfance difficile semble inspirée de celle de l’auteur qui se plaindra du manque d’amour maternel à plusieurs reprises[2].

 

À l’occasion d’une réception donnée à Tours en l’honneur du Duc d’Angoulême, la mère de Félix le charge de représenter la famille de Vandenesse. Ce bal constitue le premier événement important de sa vie de jeune homme. Il y rencontre Henriette de Mortsauf dont il s’éprend et qu’il retrouve ensuite dans son domaine de Clochegourde à Saché, alors qu’il est venu se reposer dans la vallée de l’Indre.

 

Tout au long du roman, Félix parvient à se faire une place à Paris grâce aux conseils avisés d’Henriette de Mortsauf qui le guide par lettres dans le grand monde. Il est nommé Maître des requêtes et secrétaire particulier du roi Louis XVIII. Il revient passer ses congés à Saché, auprès d’Henriette. Mais pendant l’hiver 1817-1818, Félix se laisse séduire par lady Arabelle Dudley, une fougueuse anglaise qui cherche à lui faire oublier Henriette. Dès lors, l’une devient « la maîtresse du corps », l’autre demeure « l’épouse de l’âme ».

 

En octobre 1820, Félix apprend qu’Henriette de Mortsauf est gravement malade. Elle a découvert sa liaison. Il revient auprès d’elle et assiste à ses derniers instants. Après l’enterrement, il lit sa lettre d’adieu et découvre l’ampleur de l’amour qu’elle lui portait. Elle lui destine sa fille Madeleine ; mais Félix se trouve rejeté par la jeune fille, puis par Arabelle et enfin par Natalie, la destinataire de cette confession.

 

Félix est l’un des très nombreux personnages reparaissants de La Comédie humaine. Lors de la rédaction du Lys dans la vallée, Balzac a l’idée de lier le roman avec une autre œuvre qu’il écrit en parallèle, La Fleur des pois (qui deviendra ensuite Le Contrat de mariage).  Dans ce roman, on apprend la liaison de Félix avec Natalie de Manerville. Natalie devient donc la destinataire de la confession de Félix dans Le Lys dans la vallée.

 

Dans Une Fille d’Ève, le lecteur retrouve Félix, devenu comte à la mort de son père et qui conserve une très bonne position auprès de Louis XVIII puis de Charles X. Il a finalement épousé Marie-Angélique de Granville qui se prend de passion pour Raoul Nathan et doit son salut à l’intervention pleine de finesse de son mari.

Félix fait une apparition avec Lady Dudley dans Le Bal de Sceaux, d’autres dans Autre Étude de femme, Illusions Perdues, Une Ténébreuse affaire ; il se trouve confronté à son frère Charles dans Un début dans la vie, apporte son aide à César Birotteau, est cité dans Mémoires de deux jeunes mariées, Le Cabinet des Antiques et L’Interdiction

 

Élise Gaborit (musée Balzac, Saché)

 

  • Extraits 

Monsieur de Chessel dit mon nom et fit ma biographie. J'étais arrivé depuis quelques mois à Tours, où mes parents m'avaient ramené chez eux quand la guerre avait menacé Paris. Enfant de la Touraine à qui la Touraine était inconnue, elle voyait en moi un jeune homme affaibli par des travaux immodérés, envoyé à Frapesle pour s'y divertir, et auquel il avait montré sa terre, où je venais pour la première fois. Au bas du coteau seulement, je lui avais appris ma course de Tours à Frapesle, et craignant pour ma santé déjà si faible, il s'était avisé d'entrer à Clochegourde en pensant qu'elle me permettrait de m'y reposer. Monsieur de Chessel disait la vérité, mais un hasard heureux semble si fort cherché que madame de Mortsauf garda quelque défiance, elle tourna sur moi des yeux froids et sévères qui me firent baisser les paupières d'humiliation autant par je ne sais quel sentiment d'humiliation que pour cacher des larmes que je retins entre mes cils. L'imposante châtelaine me vit le front en sueur ; peut-être aussi devina-t-elle les larmes, car elle m'offrit ce dont je pouvais avoir de besoin, en exprimant une bonté consolante qui me rendit la parole. Je rougissais comme une jeune fille en faute, et d'une voix chevrotante comme celle d'un vieillard, je répondis par un remercîment négatif. (Le Lys dans la vallée)

 

Félix de Vandenesse avait été tour à tour heureux et malheureux, plus souvent malheureux qu'heureux, comme les hommes qui, dès leur début dans le monde, ont rencontré l'amour sous sa plus belle forme. Ces privilégiés deviennent difficiles. Puis, après avoir expérimenté la vie et comparé les caractères, ils arrivent à se contenter d'un à peu près et se réfugient dans une indulgence absolue. On ne les trompe point, car ils ne se détrompent plus ; mais ils mettent de la grâce à leur résignation ; en s'attendant à tout, ils souffrent moins. Cependant Félix pouvait encore passer pour un des plus jolis et des plus agréables hommes de Paris. Il avait été surtout recommandé auprès des femmes par une des plus nobles créatures de ce siècle, morte, disait-on, de douleur et d'amour pour lui ; mais il avait été formé spécialement par la belle lady Dudley. Aux yeux de beaucoup de Parisiennes, Félix, espèce de héros de roman, avait dû plusieurs conquêtes à tout le mal qu'on disait de lui. Madame de Manerville avait clos la carrière de ses aventures. Sans être un don Juan, il remportait du monde amoureux le désenchantement qu'il remportait du monde politique. Cet idéal de la femme et de la passion, dont, pour son malheur, le type avait éclairé, dominé sa jeunesse, il désespérait de jamais pouvoir le rencontrer. (Une Fille d’Ève)

 

 


[1] Pour marquer l’origine tourangelle de Félix, Balzac a réutilisé le nom du baron Henri de Vandenesse, un propriétaire de Parçay-Meslay (au nord de Tours).

[2]  Comme Balzac, Félix a un frère, Charles, et deux sœurs. Il souffre de la préférence accordée à son frère.

 

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