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L’hôtel Papion - Tours

HONORÉ DE BALZAC EN TOURAINE

 

 

Grâce à l'exiguïté de ma taille, je me faufilai sous une tente construite dans les jardins de la maison Papion et j'arrivai près du fauteuil où trônait le prince. En un moment je fus suffoqué par la chaleur, ébloui par les lumières, par les tentures rouges, par les ornements dorés, par les toilettes et les diamants de la première fête publique à laquelle j'assistais.

Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée [1].

 

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Détruit à la fin du 19e siècle, l'hôtel Papion se trouvait à l'emplacement de l'actuel Hôtel de ville de Tours. Il était pourvu d'un vaste jardin qui rejoignait celui de la préfecture. Après l’abdication de Napoléon Ier en avril 1814, Louis XVIII, le frère de Louis XVI, devient roi de France. Diverses cérémonies sont alors organisées à travers toute la France en faveur de la famille royale. Louis d'Artois, neveu du roi et duc d'Angoulême, se rend à Tours à deux reprises : le 25 mai et le 6 août 1814. En son honneur, les habitants de Tours, et « particulièrement ceux de la rue Royale »[2] reçoivent l’ordre de pavoiser les rues, de décorer et d’illuminer leurs demeures.

 

Le jeune Honoré assiste vraisemblablement à ces deux événements. En effet, bien que la demeure familiale ait été vendue à Honoré Marchant, les Balzac l’occupent encore jusqu’à leur départ définitif pour Paris en septembre 1814[3].

 

Pour la seconde venue du duc d’Angoulême, la ville de Tours organise une réception à l’hôtel Papion :

Le jardin Papion, l'un des plus beaux de la ville, avait été choisi et décoré à cet effet de la manière la plus élégante ; et sa situation le rendait d'autant plus convenable à cette fête que la multitude des spectateurs répandus sur le mail pouvait jouir du haut de ses remparts des illuminations de ce jardin et mêler ses acclamations à celles qu'y excitait la présence de Son Altesse Royale [4].

 

La journée du 6 août se conclut par un bal : 

Le Prince en sortant de table a trouvé réunis dans les salles de bal une partie des dames invitées et huit jeunes personnes des familles les plus distinguées de la ville lui ont adressé d’autres couplets auxquels il a daigné applaudir avec cette aimable bienveillance qui lui gagne tous les cœurs. Après avoir satisfait l’empressement de tant de spectateurs qui ne désiraient voir et ne voyaient qu’Elle au milieu de tout ce qui l’entourait, le prince s’est retiré à son palais et l’impression de bonheur que sa présence avait répandu sur cette immense réunion a prolongé jusqu’au jour les plaisirs du bal [5].

 

Honoré de Balzac utilisera le souvenir de cette réception exceptionnelle donnée à l’hôtel Papion dans les premières pages de son roman Le Lys dans la vallée.

 

Christelle Bréion (musée Balzac, Saché)




[1] Pl., t. IX, p.983.

[2] Affiche. Extrait des registres de la mairie de Tours. 26 juillet 1814, AD37, 1M383.

[3] Roger Pierrot, Honoré de Balzac, Fayard, La Flèche, 1994, p.14.

[4] Extrait du compte-rendu du passage et du séjour en Indre-et-Loire du duc d’Angoulême et de sa suite le 6 et le 7 août 1814, AD37 1M383.

[5] Ibid.

 

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