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La maison de La Grenadière - Saint-Cyr-sur-Loire

HONORÉ DE BALZAC EN TOURAINE

 

 

Oh ! si vous saviez ce que c’est que la Touraine !... On y oublie tout. Je pardonne bien aux habitants d’être bêtes, ils sont si heureux ! […] si vous mettez le pied en ma maison de la Grenadière, près Saint-Cyr, maison sise à mi-côte, près d’un fleuve ravissant, couverte de fleurs, de chèvrefeuilles, et d’où je vois des paysages mille fois plus beaux que tous ceux dont ces gredins de voyageurs embêtent leurs lecteurs… La Touraine me fait l’effet d’un pâté de foie gras où l’on est jusqu’au menton, et son vin délicieux, au lieu de griser, vous bêtifie et vous béatifie. Aussi ai-je loué une maisonnette pour jusqu’au mois de novembre, car, en fermant mes fenêtres, je travaille, et je ne veux revoir ce luxurieux Paris qu’armé de provisions littéraires.

Lettre d’Honoré de Balzac à Victor Ratier, La Grenadière, 21 juillet 1830.

 

 

Au cours de l’été 1830, Balzac séjourne en Touraine avec son amante Mme de Berny (1777-1836). Il loue pour un mois La Grenadière à Amédée Coudreux, la fille de Gabriel-François Coudreux, un ancien manufacturier de Tours.

 

Il est possible que ce nom ait inspiré à Balzac le surnom d’Alfred Coudreux qu’il s’attribue dès le mois d’octobre 1830 dans ses activités de journalisme [1]. Par ailleurs, il entame dans la même période la rédaction du récit Les Deux Amis dont l’action se déroule aux environs de Tours. Parmi les personnages, on remarque le nom du père Coudreux [2]. Enfin, dernière résonance de cet été amoureux, Balzac rédige deux ans plus tard la nouvelle intitulée La Grenadière qui comporte une description fidèle des lieux.

 

Dès 1834, Balzac espère acquérir La Grenadière. Mais après deux ans de tentatives, empêtré dans les difficultés financières et profondément affecté par la mort de Mme de Berny, il annonce à Mme Hanska depuis Tours, en novembre 1836 : Ici, la Grenadière m’a échappé ; mais le cruel événement qui a pesé sur moi cette année m’a désintéressé de cette pauvre chaumière. Je ne saurais plus l’habiter. Plus tard, il pensera de nouveau s’installer en Touraine, rêvant d’acquérir le château de Moncontour.

 

Christelle Bréion (musée Balzac, Saché)

 

[1] Lucette Besson, « Les parents nourriciers de Balzac », L’Année balzacienne, 1988, p38.

[2] Ibid., pp.38-39.

 

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