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Maître Cornélius - Le Plessis-les-Tours

L'ŒUVRE DE BALZAC ET LA TOURAINE

 

 

L’action de ce roman se déroule intégralement entre le centre de Tours et le château du Plessis-lès-Tours. Lorsqu’il évoque ce château, Balzac en profite pour corriger des imprécision de Walter Scott dans Quentin Durward.

 

Malgré la singulière fantaisie que l'auteur de Quentin Durward a eue de placer le château royal de Plessis-lès-Tours sur une hauteur, il faut se résoudre à le laisser où il était à cette époque dans un fond, protégé de deux côtés par le Cher et la Loire ; puis, par le canal Sainte-Anne, ainsi nommée par Louis XI en l'honneur de sa fille chérie, madame de Beaujeu. En réunissant les deux rivières entre la ville de Tours et le Plessis, ce canal donnait tout à la fois une redoutable fortification au château fort, et une route précieuse au commerce. Du côté du Bréhémont, vaste et fertile plaine, le parc était défendu par un fossé dont les vestiges accusent encore aujourd'hui la largeur et la profondeur énormes. A une époque où le pouvoir de l'artillerie était à sa naissance, la position du Plessis, dès longtemps choisie par Louis XI pour sa retraite, pouvait alors être regardée comme inexpugnable. Le château, bâti de briques et de pierres, n'avait rien de remarquable ; mais il était entouré de beaux ombrages ; et, de ses fenêtres, l'on découvrait par les percées du parc (Plexitium) les plus beaux points de vue du monde. Du reste, nulle maison rivale ne s'élevait auprès de ce château solitaire, placé précisément au centre de la petite plaine réservée au roi par quatre redoutables enceintes d'eau. S'il faut en croire les traditions, Louis XI occupait l'aile occidentale, et, de sa chambre, il pouvait voir, tout à la fois le cours de la Loire, de l'autre côté du fleuve, la jolie vallée qu'arrose la Choisille et une partie des coteaux de Saint-Cyr ; puis, par les croisées qui donnaient sur la cour, il embrassait l'entrée de sa forteresse et la levée par laquelle il avait joint sa demeure favorite à la ville de Tours. Le caractère défiant de ce monarque donne de la solidité à ces conjectures. D'ailleurs, si Louis XI eût répandu dans la construction de son château le luxe d'architecture que, plus tard, déploya François Ier à Chambord, la demeure des rois de France eût été pour toujours acquise à la Touraine. Il suffit d'aller voir cette admirable position et ses magiques aspects pour être convaincu de sa supériorité sur tous les sites des autres maisons royales.

 

Nathanaël Gobenceaux (musée Balzac, Saché)

 

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